Après la loi Pasqua et le décret Sarkozy, devant l'engouement de nos voisins Britanniques pour cet outil, il était légitime que la France se dote d'une cellule de coordination des initiatives de développement de systèmes de vidéosurveillance urbaine.
La prise de conscience de l'utilité indiscutable de la vidéosurveillance dans la sûreté urbaine remonte sensiblement à 2004, soit 10 ans après la création à l'initiative de M. Balkany, maire de Levallois Perret, d'un réseau de 96 caméras reliées au poste de police municipale par un réseau cablé analogique.
Pendant ces 10 ans, l'industrie du multimédia est passé de la vidéo analogique à la vidéo numérique. Les réseaux sont devenus informatiques avec un protocole de transport universel : tcp-ip. La compression vidéo MPEG-2 qui a permis le succès du DVD et de la TV satellite a été la première pierre de la vidéosurveillance informatisée moderne. Depuis 2004, la compression numérique de vidéo s'est lentement standardisé avec un format plus adapté à la transmission sur les réseaux informatiques, plus performante, moins gourmande en réseau : le MPEG-4.
Mais la course à l'évolution technologique ne connait pour l'instant pas de limite; comme le prédit la loi de Moore, la densité d'intégration des transistors sur les puces des processeurs et beaucoup de choses qui en dépendent, doublent chaque année. Le MPEG-4 est à peine stabilisé en tant que format que déjà , la résolution évolue vers le Haute Définition, le HD, avec des algorithmes de compression (codecs) plus performants répondant au nom de code H264 ou MPEG-4 AVC.
Devant cette fuite en avant qui caractérise toute l'industrie informatique, les villes ont à leur disposition une offre pléthorique d'équipements pour construire leurs systèmes de vidéosurveillance.
Les principaux volets d'un système sont les caméras, les équipements de compression, le réseau, le système informatique et le logiciel de contrà´le.
Ainsi on a pu voir depuis 2003 de grandes villes s'équiper en systèmes hétéroclites, issus de croisements de solutions de constructeurs de systèmes de vidéosurveillance, de développements à façon de sociétés de service, de réseaux analogiques ou numériques opérés par les collectivités ou leurs mandataires.
Mais dans ce brouhaha effervescent qui se structurait avec difficulté, bien peu déployaient une véritable vision de ce que les réseaux informatiques apportent vraiment à l'activité de vidéosurveillance, la fameuse capacité d'ubiquité qui permet de consulter la vidéo en plusieurs points du réseau simultanément. De nombreux systèmes continuaient à se comporter comme dans le passé analogique : un centre de surveillance unique pour l'ensemble des caméras.
Plus récemment en 2006, on a vu apparaitre dans les appels d'offre une préoccuppation grandissante pour les "standard" MPEG-4 et la diffusion "Multicast", la multiplication des pains qui permet qu'une vidéo soit vue par plusieurs personnes sans augmenter la consommation réseau. On a aussi pris la mesure de l'immense chantier qui reste à terminer pour arriver un jour à ce que la vidéo, comme un email écrit avec outlook et lu sur gmail, puisse être émise par une caméra alpha pour être visionnée par un logiciel oméga.
L'interopérabilité, à la base de la notion fondamentale de système ouvert est le grand chantier de la vidéosurveillance.
Néanmoins, il s'agit d'une problématique technique que le marché résoudra par la force des intérêts et de l'usage, tà´t ou tard.
La difficulté pour les collectivités réside aujourd'hui davantage dans la nécessité de combler le vide des procédures, des protocoles de sécurité, des usages, dres droits d'accès, des coopérations public-privé pour définir les nouveaux usages de la vidéosurveillance urbaine.
Souhaiter que la police ait un accès direct aux caméras des collectivités sous-entend crééer des unités de supervision dédiées missionnées spécialement pour ces tà¢ches.
Ainsi la mission qui se dessine pour la commission nationale de vidéosurveillance tient en trois points :
1) Rédiger un schéma directeur pour la rédaction des appels d'offre basés sur les standards en matière, vidéo, système et réseaux en mettant l'accent sur l'interopérabilité
2) Définir les usages de la vidéosurveillance ubiquitaire et les modalités du partage de l'information
3) Organiser le développement des nouveaux organes de gestion des systèmes interopérables